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Le Tching's Ciné entend proposer, au découragement outragé de son lecteur pourtant bien téméraire, l'arbitraire immodeste de son oeil critique, aguerri sur les rares films dont il aura bien daigné faire la découverte.

 

En somme des analyses, des critiques, la vérité, et surtout une rencontre, lecteur et néanmoins déjà ami, entre toi, et moi...

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« De même que le seul temps qui importe est celui du film, le seul ''personnage'' important est le spectateur. C'est dans sa tête que se déroule toute l'histoire, qui est exactement imaginée par lui. Encore une fois, l'oeuvre n'est pas un témoignage sur une réalité extérieure, mais elle est à elle-même sa propre réalité » A. R-G.

2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 00:00

Mauritius-Cornelius-Escher                   

 

 

 

Après l'épouvantable numéro 1 de cette désormais moins brève série "Qu'est-ce qu'un blog ciné ?", je voulais revenir un peu, latéralement, sur cette activité du blog ciné - et qui peut se flatter d'être davantage latéral que votre serviteur, lequel n'a pas proféré la moindre chose en ce lieu sans lieu depuis plus d'un an ? De même, qui peut mieux juger de l'activité sinon un furieux engagé dans l'inactivité ?

 

 

        Un fait d'abord, misérable de confession et de partialité : je n'aime pas le cinéma. Ou du moins j'aime moins le cinéma que l'écriture et les idées que le cinéma métamorphose en cinéma. Or ce point précisément conteste l'expérience majoritaire du blog ciné ; que ce moi qui aime les idées-cinéma est autre que ce moi qui aime le cinéma - avec ses idoles, ses opinions, ses préjugés rhétoriques et marchands. 

 

         Une remarque adjacente, (remarque sur toute confession, à rendre intolérable toute phrase porteuse d'un "j'aime" ou "je n'aime pas" comme ci-dessus) : il est probable que le blog, plutôt que de lier des libertés, constitue en réalité des servilités ; un espace comme tant d'autres et peut-être mieux que certains autres où je suis insidieusement amené à avouer des plaisirs et des désirs traçables, identifiables, commercialisables. Dire sa sensibilité et la manière dont son corps réagit machinalement à tel appât filmique n'a non seulement aucun intérêt, mais s'avère même pernicieux (imagine qu'un démon vienne te visiter une nuit et, prêt à enregistrer tes envies comme des données, t'exhorte de la sorte : "avoue ton plaisir, ton désir, ton opinion et ton goût. Donne moi ton avis sur tout...").

 

        Un désir ensuite : j'aimerais simplement mettre en discours ce qui n'a fait que se dévoiler de lui-même, à mesure de l'écriture : que le blog ciné ne doit pas être ce qu'il est. Ce qu'il est, un ensemble de goûts affichés, de préférences irréfléchies, de plaisirs et de désirs affichés par un spectateur lâche et paresseux. Ce qu'il doit être, un jugement sur les idées que le film se propose de traiter, que ces idées soient purement philosophiques (au sens où toute idée est philosophique) ou bien cinématographiques-esthétiques (au sens peut-être où Deleuze parlait d'idées-cinéma...) : travail sur les couleurs de l'image, les jeux sur l'espace et le temps, les types de mouvement imposés à l'image, en somme ce que l'on a pour habitude de regrouper, et peut-être hâtivement pour cette raison qu'il s'agit bien d'idées, sous la catégorie de "forme".

 

          Une conséquence : importe moins la subjectivité des goûts et des couleurs que l'objectivité des idées développées, leur cohérence, leur intérêt, leur innovation au sein d'une histoire, leur tour de force à l'intérieur d'un champ d'autres forces. On m'objectera sûrement que le blog n'est fait que pour cela, partager ses goûts et ses couleurs, et qu'il n'y a qu'à retourner à mes dissertations, si tel est mon plaisir ; mais qu'ici toutefois nous échangeons bien pour dire si et combien nous avons été émus, renversés, ou indifférents. Et peut-être, d'ailleurs, fus-je et serai-je amené à dire, comme par un fiévreux rappel du plaisir à parler de ses plaisirs, que "j'ai bien aimé". Il me faudra cependant évincer asymptotiquement, puisque tel est "le nouvel idéal", tous ces écueils sensibles, afin de n'être vigilant qu'aux idées (quelque chose comme le "thème", la "thèse", les "arguments" et les "exemples" cinématographiques). Un film n'est pas un bloc sensoriel devant lequel j'aurais à cliquer sur "j'aime", mais une oeuvre qui soutient une position intellectuelle et esthétique, dans un devenir et contre d'autres positions. Apprécier un film, ce n'est pas engager son moi passionnel dans un rapport d'attirance/répulsion avec lui, c'est exalter son moi intelligent dans un rapport de dialogue critique : pensée contre pensée.


           Une objection : ce désir de vérité n'entraîne-t-il pas la négation même ("l'auto-contradiction") du discours sur l'art, centré sur le beau, c'est-à-dire la manière en apparence subjective dont je, tu, il trouve telle oeuvre belle et telle autre laide ? A cela peut-être répondrai-je avec l'accent du vieux maître de Königsberg, et clamerai-je sans doute qu'en matière d'art une objectivité forte doit se fonder au coeur d'une subjectivité forte, et que ce qui est beau, c'est moins l'objet comme tel que le libre jeu des facultés intellectuelle et imaginative à l'intérieur du sujet. Le beau peut bien relever d'une prétention universaliste, s'ancrer au coeur du sujet, et ne pas remettre en cause un discours qui, désormais, voudrait ne s'en tenir qu'aux idées. Le désir de vérité peut en même temps vouloir haïr le bon, et aimer le beau.

 

          Un impératif enfin : "n'avoue ni ton plaisir, ni ton désir, ni ton opinion, ni ton goût". Ou, de manière plus concise et peut-être plus joueuse : "donne un avis qui refuse catégoriquement de donner un avis".

 

 

 

 

Les autres numéros de "Qu'est-ce qu'un blog ciné ?" :

 

#1

 

 

 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 00:00
          Mauritius-Cornelius-Escher.jpg



                      Bon, le titre peut intéresser, questionner, laisser complètement indifférent, ou être faussement remarqué comme le premier film d'une série inconnue (une sorte de Retour vers le futur, je ne sais pas...), dont on voudrait connaître la raison d'être... Rien de cela, évidemment : simplement, après presque quatre mois d'investissement plus ou moins régulier dans cette sorte d'exercice ultra-généralisé qu'est le blog, je me propose un retour sur cette activité, afin de dégager un petit peu le socle de mon propre amusement, de mon propre "travail" aussi. Critique donc en un sens tout classique, je veux dire interrogation sur les conditions de possibilité d'un blog cinéma. J'espère que la prétention du projet ne découragera pas les quelques lecteurs isolés qui n'auront pas déjà lâché le fil de ces modestes lignes, pour une bonne raison : c'est que cette tentative de retour, je crois, est presque quasiment absente (vous voyez toutes les nuances que j'essaie d'employer pour garder les quelques et derniers courageux présents), et mériterait peut-être, une sorte d'exercice collectif : si je commence cette série, donc, c'est que j'espère - secrètement - la participation de tous ceux qui voudront bien tenter, ici ou ailleurs, de balayer sous leurs pieds et d'entrevoir ce qu'il s'y passe.
                       Je commencerais donc par quelques idées négatives, comme ça, lancées au hasard, pour inaugurer cette série d'articles dont le thème général serait, si l'on voulait un peu formaliser : qu'est-ce qu'un blog cinéma ? Idées négatives non pas sur l'activité de blogueur cinéma, en tous les cas pas déjà, mais sur cette série même d'articles que j'ai pompeusement intitulée "Retour critique". Voilà donc quelques point, en tous les cas, sur ce que je ne voudrais pas faire : évidemment, prétendre à la dictature intellectuelle, entendre imposer une sorte de cadre objectif à l'article de blog. D'abord parce que le blog constitue - et s'est constitué - précisément comme l'espace de liberté que tout le monde recherche pour se débarrasser de tout un carcan de règles culturelles, de coercitions en tout genre etc. Ensuite parce que, de toute façon, je pense que le blog doit demeurer idéologiquement neutre - ironie anti-marxiste - au sens où, je l'espère, aucune institution de valeurs ou d'idées ne peut prendre racine dans cet espace des internets. Donc un premier impératif : laisser le champ ouvert, ne rien imposer, ne pas restreindre le champ irrégulier (de toutes façons, on n'en a pas les moyens).
                       Deuxièmement, peut-être, ne pas laisser croire que ce retour critique constitue une sorte de nécessité intellectuelle ou morale devant laquelle devrait se plier tout blogueur véritablement blogueur. Il ne s'agit évidemment que d'une passade absolument subjective, à partir de laquelle je voudrais bien essayer de comprendre ce qu'on est en train de faire là, écrire un blog ciné, quel peut être - s'il s'agit bien de cela, ce n'est pas du tout affirmatif, et peut-être s'agit-il tout simplement de tout faire sauf cela - l'intérêt, puisque ce mot est apparemment le mot clé aujourd'hui, d'une telle activité. Voilà, donc, en gros, ce qui motive cette petite série d'articles, qui viendront selon l'envie et peut-être l'incitation de films (je dois confesser que l'idée m'en est venue depuis un certain moment, mais que le Black Swan et la rédaction de mon article sur ce film a été le moment déclencheur) : une invitation, humble et absolument pas obligée, à parler un peu de ce qu'on fait, ici, dans cet espace un peu étrange, quasi virtuel, essentiellement écrit, individuel et collectif, en tous les cas fantomatique, secret et pour une bonne part invisible, du blog.
                         Troisièmement, et dernièrement, parce que je me rends bien compte de l'aridité et de l'imbuvabilité de tout ça, ça serait la question du sens, qui croise déjà un peu les premiers points : cette série de "Retours critiques" ne veut certainement pas, quoiqu'on pourra en dire, totaliser une expérience, rationaliser de fond en comble cette activité, encore une fois, qui me semble liée à une pratique de liberté. Mais ce n'est pas non plus l'occasion de parler de rien, ou plutôt ce n'est pas une occasion de parler de ses goûts, de ses envies du moment un peu hiératiques. Entre ces deux extrêmes, il s'agirait plutôt d'essayer de dégager quelques lignes de sens, d'exhumer un peu la toile de fond sur laquelle tous ces mots qu'on lance sur le cinéma et sur les films qu'on voit au fil de l'actualité peuvent dessiner les linéaments d'une expérience collective structurée. Versus unité totalisante et despotique du sens, donc, multiplicité hasardeuse et singulière des perspectives.
              Voilà, très schématiquement et très arbitrairement, les grandes lignes ou les grands points de problématisation vers lesquels je voudrais, - et grâce à l'effort de tous ceux qui le souhaiteront - orienter cette petite série, comme un petit miroir sur notre activité plurielle : 1) le blog ciné comme pratique de liberté et de résistance, 2) le blog ciné comme pratique virtuelle collective, 3) le blog ciné comme bloc tactique d'une époque. Il s'agirait presque, finalement, de penser à l'envers l'usage un peu quotidien et spontané de tous ces articles que l'on publie (pour certains) assez régulièrement, et qui forment sûrement une trame un peu consistante. Alors voilà, ce que je souhaiterais idéalement, c'est partir du cinéma, de tout ce que chacun vit et entend vivre ou pense vivre avec le cinéma, et profiter de ces réflexions individuelles sur les blogs ciné, c'est-à-dire de ces premiers retours sur le cinéma, pour envisager peut-être un retour plus collectif, sorte de retour sur les retours. Mettre le cinéma au carré...
                         Encore une fois, désolé pour l'odieuse forme de cet article, et pour la tartuferie de ces lignes (contre ça, j'ai mis une petite image, aussi lourde et pompeuse que l'article, loul). Mais enfin, si le coeur vous en dit...



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