Je commencerais donc par quelques idées négatives, comme ça, lancées au hasard, pour inaugurer cette série d'articles dont le thème général serait, si l'on voulait un peu formaliser : qu'est-ce qu'un blog cinéma ? Idées négatives non pas sur l'activité de blogueur cinéma, en tous les cas pas déjà, mais sur cette série même d'articles que j'ai pompeusement intitulée "Retour critique". Voilà donc quelques point, en tous les cas, sur ce que je ne voudrais pas faire : évidemment, prétendre à la dictature intellectuelle, entendre imposer une sorte de cadre objectif à l'article de blog. D'abord parce que le blog constitue - et s'est constitué - précisément comme l'espace de liberté que tout le monde recherche pour se débarrasser de tout un carcan de règles culturelles, de coercitions en tout genre etc. Ensuite parce que, de toute façon, je pense que le blog doit demeurer idéologiquement neutre - ironie anti-marxiste - au sens où, je l'espère, aucune institution de valeurs ou d'idées ne peut prendre racine dans cet espace des internets. Donc un premier impératif : laisser le champ ouvert, ne rien imposer, ne pas restreindre le champ irrégulier (de toutes façons, on n'en a pas les moyens).
Deuxièmement, peut-être, ne pas laisser croire que ce retour critique constitue une sorte de nécessité intellectuelle ou morale devant laquelle devrait se plier tout blogueur véritablement blogueur. Il ne s'agit évidemment que d'une passade absolument subjective, à partir de laquelle je voudrais bien essayer de comprendre ce qu'on est en train de faire là, écrire un blog ciné, quel peut être - s'il s'agit bien de cela, ce n'est pas du tout affirmatif, et peut-être s'agit-il tout simplement de tout faire sauf cela - l'intérêt, puisque ce mot est apparemment le mot clé aujourd'hui, d'une telle activité. Voilà, donc, en gros, ce qui motive cette petite série d'articles, qui viendront selon l'envie et peut-être l'incitation de films (je dois confesser que l'idée m'en est venue depuis un certain moment, mais que le Black Swan et la rédaction de mon article sur ce film a été le moment déclencheur) : une invitation, humble et absolument pas obligée, à parler un peu de ce qu'on fait, ici, dans cet espace un peu étrange, quasi virtuel, essentiellement écrit, individuel et collectif, en tous les cas fantomatique, secret et pour une bonne part invisible, du blog.
Troisièmement, et dernièrement, parce que je me rends bien compte de l'aridité et de l'imbuvabilité de tout ça, ça serait la question du sens, qui croise déjà un peu les premiers points : cette série de "Retours critiques" ne veut certainement pas, quoiqu'on pourra en dire, totaliser une expérience, rationaliser de fond en comble cette activité, encore une fois, qui me semble liée à une pratique de liberté. Mais ce n'est pas non plus l'occasion de parler de rien, ou plutôt ce n'est pas une occasion de parler de ses goûts, de ses envies du moment un peu hiératiques. Entre ces deux extrêmes, il s'agirait plutôt d'essayer de dégager quelques lignes de sens, d'exhumer un peu la toile de fond sur laquelle tous ces mots qu'on lance sur le cinéma et sur les films qu'on voit au fil de l'actualité peuvent dessiner les linéaments d'une expérience collective structurée. Versus unité totalisante et despotique du sens, donc, multiplicité hasardeuse et singulière des perspectives.
Voilà, très schématiquement et très arbitrairement, les grandes lignes ou les grands points de problématisation vers lesquels je voudrais, - et grâce à l'effort de tous ceux qui le souhaiteront - orienter cette petite série, comme un petit miroir sur notre activité plurielle : 1) le blog ciné comme pratique de liberté et de résistance, 2) le blog ciné comme pratique virtuelle collective, 3) le blog ciné comme bloc tactique d'une époque. Il s'agirait presque, finalement, de penser à l'envers l'usage un peu quotidien et spontané de tous ces articles que l'on publie (pour certains) assez régulièrement, et qui forment sûrement une trame un peu consistante. Alors voilà, ce que je souhaiterais idéalement, c'est partir du cinéma, de tout ce que chacun vit et entend vivre ou pense vivre avec le cinéma, et profiter de ces réflexions individuelles sur les blogs ciné, c'est-à-dire de ces premiers retours sur le cinéma, pour envisager peut-être un retour plus collectif, sorte de retour sur les retours. Mettre le cinéma au carré...
Encore une fois, désolé pour l'odieuse forme de cet article, et pour la tartuferie de ces lignes (contre ça, j'ai mis une petite image, aussi lourde et pompeuse que l'article, loul). Mais enfin, si le coeur vous en dit...