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Le Tching's Ciné entend proposer, au découragement outragé de son lecteur pourtant bien téméraire, l'arbitraire immodeste de son oeil critique, aguerri sur les rares films dont il aura bien daigné faire la découverte.

 

En somme des analyses, des critiques, la vérité, et surtout une rencontre, lecteur et néanmoins déjà ami, entre toi, et moi...

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« De même que le seul temps qui importe est celui du film, le seul ''personnage'' important est le spectateur. C'est dans sa tête que se déroule toute l'histoire, qui est exactement imaginée par lui. Encore une fois, l'oeuvre n'est pas un témoignage sur une réalité extérieure, mais elle est à elle-même sa propre réalité » A. R-G.

11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 00:00
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                      Bon, le titre peut intéresser, questionner, laisser complètement indifférent, ou être faussement remarqué comme le premier film d'une série inconnue (une sorte de Retour vers le futur, je ne sais pas...), dont on voudrait connaître la raison d'être... Rien de cela, évidemment : simplement, après presque quatre mois d'investissement plus ou moins régulier dans cette sorte d'exercice ultra-généralisé qu'est le blog, je me propose un retour sur cette activité, afin de dégager un petit peu le socle de mon propre amusement, de mon propre "travail" aussi. Critique donc en un sens tout classique, je veux dire interrogation sur les conditions de possibilité d'un blog cinéma. J'espère que la prétention du projet ne découragera pas les quelques lecteurs isolés qui n'auront pas déjà lâché le fil de ces modestes lignes, pour une bonne raison : c'est que cette tentative de retour, je crois, est presque quasiment absente (vous voyez toutes les nuances que j'essaie d'employer pour garder les quelques et derniers courageux présents), et mériterait peut-être, une sorte d'exercice collectif : si je commence cette série, donc, c'est que j'espère - secrètement - la participation de tous ceux qui voudront bien tenter, ici ou ailleurs, de balayer sous leurs pieds et d'entrevoir ce qu'il s'y passe.
                       Je commencerais donc par quelques idées négatives, comme ça, lancées au hasard, pour inaugurer cette série d'articles dont le thème général serait, si l'on voulait un peu formaliser : qu'est-ce qu'un blog cinéma ? Idées négatives non pas sur l'activité de blogueur cinéma, en tous les cas pas déjà, mais sur cette série même d'articles que j'ai pompeusement intitulée "Retour critique". Voilà donc quelques point, en tous les cas, sur ce que je ne voudrais pas faire : évidemment, prétendre à la dictature intellectuelle, entendre imposer une sorte de cadre objectif à l'article de blog. D'abord parce que le blog constitue - et s'est constitué - précisément comme l'espace de liberté que tout le monde recherche pour se débarrasser de tout un carcan de règles culturelles, de coercitions en tout genre etc. Ensuite parce que, de toute façon, je pense que le blog doit demeurer idéologiquement neutre - ironie anti-marxiste - au sens où, je l'espère, aucune institution de valeurs ou d'idées ne peut prendre racine dans cet espace des internets. Donc un premier impératif : laisser le champ ouvert, ne rien imposer, ne pas restreindre le champ irrégulier (de toutes façons, on n'en a pas les moyens).
                       Deuxièmement, peut-être, ne pas laisser croire que ce retour critique constitue une sorte de nécessité intellectuelle ou morale devant laquelle devrait se plier tout blogueur véritablement blogueur. Il ne s'agit évidemment que d'une passade absolument subjective, à partir de laquelle je voudrais bien essayer de comprendre ce qu'on est en train de faire là, écrire un blog ciné, quel peut être - s'il s'agit bien de cela, ce n'est pas du tout affirmatif, et peut-être s'agit-il tout simplement de tout faire sauf cela - l'intérêt, puisque ce mot est apparemment le mot clé aujourd'hui, d'une telle activité. Voilà, donc, en gros, ce qui motive cette petite série d'articles, qui viendront selon l'envie et peut-être l'incitation de films (je dois confesser que l'idée m'en est venue depuis un certain moment, mais que le Black Swan et la rédaction de mon article sur ce film a été le moment déclencheur) : une invitation, humble et absolument pas obligée, à parler un peu de ce qu'on fait, ici, dans cet espace un peu étrange, quasi virtuel, essentiellement écrit, individuel et collectif, en tous les cas fantomatique, secret et pour une bonne part invisible, du blog.
                         Troisièmement, et dernièrement, parce que je me rends bien compte de l'aridité et de l'imbuvabilité de tout ça, ça serait la question du sens, qui croise déjà un peu les premiers points : cette série de "Retours critiques" ne veut certainement pas, quoiqu'on pourra en dire, totaliser une expérience, rationaliser de fond en comble cette activité, encore une fois, qui me semble liée à une pratique de liberté. Mais ce n'est pas non plus l'occasion de parler de rien, ou plutôt ce n'est pas une occasion de parler de ses goûts, de ses envies du moment un peu hiératiques. Entre ces deux extrêmes, il s'agirait plutôt d'essayer de dégager quelques lignes de sens, d'exhumer un peu la toile de fond sur laquelle tous ces mots qu'on lance sur le cinéma et sur les films qu'on voit au fil de l'actualité peuvent dessiner les linéaments d'une expérience collective structurée. Versus unité totalisante et despotique du sens, donc, multiplicité hasardeuse et singulière des perspectives.
              Voilà, très schématiquement et très arbitrairement, les grandes lignes ou les grands points de problématisation vers lesquels je voudrais, - et grâce à l'effort de tous ceux qui le souhaiteront - orienter cette petite série, comme un petit miroir sur notre activité plurielle : 1) le blog ciné comme pratique de liberté et de résistance, 2) le blog ciné comme pratique virtuelle collective, 3) le blog ciné comme bloc tactique d'une époque. Il s'agirait presque, finalement, de penser à l'envers l'usage un peu quotidien et spontané de tous ces articles que l'on publie (pour certains) assez régulièrement, et qui forment sûrement une trame un peu consistante. Alors voilà, ce que je souhaiterais idéalement, c'est partir du cinéma, de tout ce que chacun vit et entend vivre ou pense vivre avec le cinéma, et profiter de ces réflexions individuelles sur les blogs ciné, c'est-à-dire de ces premiers retours sur le cinéma, pour envisager peut-être un retour plus collectif, sorte de retour sur les retours. Mettre le cinéma au carré...
                         Encore une fois, désolé pour l'odieuse forme de cet article, et pour la tartuferie de ces lignes (contre ça, j'ai mis une petite image, aussi lourde et pompeuse que l'article, loul). Mais enfin, si le coeur vous en dit...



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commentaires

T
Saperlipopette, un juste défenseur de la cause du Tching's Ciné, et sartrien de surcroît ! <br /> Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi : je pense plutôt que le jaune d'oeuf, touche magique de l'esthétisme s'il en est, rattrape de très loin le fond...<br /> Je ne sais pas si j'existe en tapant sur ce clavier - ou si j'en suis sûr, ou si j'en prends semi-conscience, ou si bref - mais un petit message comme ça fait toujours plaisir, même et surtout de la part d'un parfait inconnu sinophobe ;-). <br /> Je vais aller voir ton blog, mec !<br /> En revanche, je ne dévoilerais pas mon identité, je demeurerai donc (peut-être) chinois pour tous.
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L
Ne te décourage pas petit tchingJe ne sais pas si tu es chinois (d'où ce magnifique pseudo "tching", bon j'arrête la petite intro raciste, je ne suis pas aux jeunesses identitaire, pas taper), mais ne te décourage pas. Ton blog, hormis le design (et le jaune d'oeuf surtout, horrible), est assez intéressant. J'ai lu quelques articles, c'est bien ficelé, un peu impulsif (The Tree of Life, 3/20 ?? il faut qu'j'le vois !), mais globalement tu écris juste, tu vises juste, n'est-ce pas l'essentiel ? <br /> <br /> Je raisonne pour ma part en mode Sartriens : tu tapes sur ton clavier, donc tu existes. Tu donnes ton opinion, c'est tout ce qui compte, oublie l'invisible, le non-retour, l'insondable ou l'infinité importante de ton existence, tu fais ce que tu fais et c'est déjà ça. Les nouveaux blogueurs comme moi sont là pour encourager les types comme toi. Regarde moi, je faiblis, comme toi, 3/4 articles ce mois-ci, alors que j'adorais narrer mes reviews il y a 3 mois. Vais-je arrêter ? <br /> <br /> Nan : parce que j'adore partager mon opinion. Partager son opinion sur l'art n'est-il pas le plus beau cadeau qu'on puisse faire aux autres ? <br /> <br /> Le cinéma est un art subjectif, chacun à son avis sur les oeuvres qu'ils visionnent. C'est pour ça qu'on adore ça, pour en discuter, plus que tout autre chose je pense. <br /> <br /> Allez, go go Tching Tching ! et vive la Chine !
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T
10) Si tu n'a pas trop peur de créer trop de plus-value à Allocine, en tous les cas, je relance mon invitation : si tu as des critiques à me faire parvenir de films politiques ou autres (CHolocauste), qui feraient intervenir un autre critère (purement éco, éco-soc...), je suis ouvert... Ou encore, si tu as des propositions d'action sur Allocine ou que sais-je... Explorons ensemble...
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T
Ah et bien voilà le doudou mis à nu (il a fallu quand même des provocations ressassées pour qu'il sorte de son terrier, lui aussi). En tous les cas, c'est le premier vrai message constructif que tu me laisses, et j'espère que son contenu, comme la dernière phrase, ne voudront pas signifier ton silence définitif...<br /> <br /> 1) Premier point, sur la consommation ; bon développement, à ceci près qu'il a tendance à ramener toutes les sphères de la vie et de la culture à une consommation qu'on pourrait facilement relever d'une majuscule dans ton discours (c'est la remarque d'ailleurs que je te faisais dans mon comm' précédent) : dire que tout est consommation, que la consommation est la peste qui a envahi sans pouvoir de réaction tout le champ de l'existence, c'est je trouve un peu fort. Et cela repose bien sûr sur cet oubli que j'ose croire bien volontaire, que la consommation est un concept économique, et ne se définit que dans une sphère de l'échange, du marché, en tous les cas de l'achat (je crois que là, on a un saut déjà important : et ce genre de discours qui généralise et substantivise la Consommation ne sert que son instigateur : l'économie libé ou néo-libé ou ce qu'on veut, qui a précisément franchi ce pas, en ramenant la totalité de l'existence à l'éco. <br /> <br /> 2) Par conséquent, deuxième point, je crois qu'il est difficile de soutenir que le cinéma est entièrement réductible à de la consommation, donc à de l'éco (à ce que je sache les choses ne sont pas aussi simples ; il n'y a qu'à voir les boîtes indépendantes, il n'y a qu'à voir les trafics de films sans achats, il n'y a qu'à constater l'éclatement du cinéma hors de la sphère de la marchandise ou du produit, qui appartiennent, je suis désolé, à une idéologie vieille d'un siècle).<br /> <br /> 3) Première voie dessinée par toi, celle d'une discussion un peu inutile sur les goûts et les couleurs, du plan purement esthétique : oui, bien sûr, c'est dans beaucoup de cas présent (je parle de la majorité des blogs Allociné, par exemple). Mais je crois que l'important, ce n'est pas de comparer son ressenti et la manière dont chacun a esthétiquement éprouvé un même film (et l'étalonnage n'a rien à voir là-dedans : chaque cinéma est différent, bref, impossible, et tu le sais, d'obtenir une sorte de conditions absolument identiques de visionnage pour tout le monde en France, par exemple), mais essayer de rationaliser un peu l'originalité d'un film (si tu veux, objectiver, s'approcher d'une sorte de "vérité", même si le mot est très fort). Et dans cette rationalisation, la part économique a évidemment un rôle, même s'il n'est pas présent à chaque fois dans mes critiques, et le rôle politique idem.<br /> <br /> 4) quatrièmement, seconde voie de l'alternative je suppose, passer au plan politique à partir d'une expérience esthétique. Ton mot clé est évidemment illusion (d'ailleurs, il revient sacrément souvent, tu t'es refoutu à fond dans Marx ?) au sens d'idéologie. Ce n'est absolument pas né dans les années 60-70 avec le déclin que tu décris bien du PC, mais bien avant, et au moins au début du XXème (c'est pour ça que je te parlais de Benjamin et de l'école de Francfort). Autrement dit, il n'y a pas l'alternative que je trouve un peu serrée entre un authentique marxisme qui ne soucie pas de futilités esthétiques et un gauchisme à la manière française (Foucault Deleuze...) qui ne parle que de ça, mais il y a, je crois, vraiment la possibilité d'un entre-deux, d'une possibilité, que j'aimerais précisément analyser un peu à travers ce blog et cette catégorie de retours critiques (c'est clairement un objectif d'envisager un peu les conditions de possibilité de cette politisation de l'esthétique, asolument pas un impensé, j'espère que le développement de l'article le laissait clairement apparaître...)<br /> <br /> 5) cinquièmement, sur l'esthétisation de l'engagement, oui c'est évident. Mais encore une fois, ça n'implique pas que la politique en soit bannie (avoue quand même qu'un engagement non politique ça aurait quand même de la gueule, mais enfin...), ni qu'elle soit réduite à un pragmatisme sur l'utilité ou la non utilité. Encore une fois, intersubjectivité et interactivité, bien que virtuelles tout du moins dans les prémisses. Et sortir de ce cercle un peu concentrique de l'assimilation contagieuse, c'est précisément le but, là encore, de ce retour critique (mais aussi des articles, en tant qu'ils ne s'arrêtent pas au goût et au mangez ou ne mangez pas, mais à une rationalité, à une objectivité (bien que limitées, j'en conviens)). Bref, le but est précisément de voir à quelles conditions on peut sortir de ce cercle de l'assimilation, non de se cacher la face avec tout ça... Soit dit en passant, le mot performatif revient aussi assez souvent chez toi ; tu goûtes aux joies de l'analytique en ce moment ? <br /> <br /> 6) Ce qui est peut-être plus pertinent, je trouve, c'est ce qui vient ensuite : le fait de bosser (en termes marxistes, de se faire exploiter) par Allocine, qui se fait de la plus-value sur mon dos, sur notre dos, sur tous les dos de tout le monde. Figure-toi que c'est un problème, bien entendu, que j'ai rencontré dès le début : participer à ça ou non ? Mais précisément, je me suis un peu engagé à le faire pour plusieurs raisons : la première, assez insignifiante pour notre propos, mais qui donnera l'occasion d'un prochain Retour Critique je pense, c'est le rôle étrange de mémoire que ce genre d'exercice offre, mémoire à la fois virtuelle, et tout de même un peu collective (donc voir ce qui se cache dans cette direction-là). La seconde raison serait peut-être davantage liée à notre propos : il s'agit du fait d'être lu (je ne suis pas encore très lu, mais ça offre quand même une plate-forme de publicité assez grande (je le déplore, dans tous les sens de publicité : ouverture au public mais aussi et malheureusement pub en tous genres, google ou spams ou...). Mais j'ai clairement décidé d'affronter ça de face, pour voir vraiment ce qu'il était possible de faire comme "de l'intérieur". Bref, c'est d'une exploration dont je voudrais partir dans tous les sens du terme, là où tu ne vois qu'illusion, idéologie, mensonge, et ce de manière, je trouve, u a priori. En tous les cas, voir ce qu'on peut faire à partir de là, c'est l'idée de ce blog. <br /> <br /> 7) septièmement, malgré ma contre-indication, tu y est venu quand même : je n'ai pas dit que les autres avaient fait la Révolution grâce à Facebook ou que je voulais prendre modèle sur ça ; j'ai simplement rappelé que tout ce monde que je connais mal, Facebook, Allocine, que sais-je, peuvent et ont eu, de fait, des effets réels (tu m'objectes le fait que la cause d'une Révolution n'est pas Facebook mais les conditions réelles socio-éco... mais je n'ai jamais dit le contraire : Facebook n'est qu'un instrument, qui peut aller dans tous les sens, mais qui produit en tous les cas, un sacré paquet d'effets dans le réel). <br /> <br /> 8) Quant à Paul-Michel, c'est plus fort que moi, provoc ou pas, je rétablis la vérité. S'il y a bien une pensée qui combat le dualisme, c'est lui (et certainement pas la voie marxiste, avec les deux classes, quand même, difficile de faire plus ami-ennemi, tu avoueras...). Pouvoir désubstantialisé et purement effectif OK, mais et alors ? Ca empêche de voir l'Ennemi c'est ça ? Ou mieux : c'est un bastion de l'Ennemi ? Si on veut vraiment avancer, faudrait quand même avoir un discours qui sorte des années 70, et essayer de combiner les 2 critiques (F et M), pas de les renvoyer l'un contre l'autre... C'est quand même un peu chiant de se voir objecter, quoiqu'on fasse, le discours de la Marchandise, de l'Idéologie, de la Propagande, du Complot... Enfin en tous les cas, ce que je veux faire ne va pas dans ce sens-là (à la limite, m'appuyer dessus...). <br /> <br /> 9) En tous les cas, F et D à l'agreg, c'est pas pour l'année prochaine...
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L
Quand tu excites un renard il finit par sortir de son terrier, j'en suis heureux. Je vais ajouter deux ou trois petites choses :<br /> - La consommation est un processus qui répond à un besoin, besoin qui peut se décliner entre autres sous la forme d'un désirs, d'une pulsion, de tout un tas de manières. Dans tous les cas le moment de la consommation renvoie à une assimilation de la matière consommée, quelle qu'en soit la manière et le motif initial. De l'air que je respire à la lumière de mon écran d'ordinateur portable, en passant par mes cacahuètes, j'assimile toujours passivement en permanence des matières de qualité différentes, qui nécessitent parfois une activité, c'est-à-dire une interruption momentanée de la passivité pour diriger son intention sur un objet particulier et introduire un délai entre l'instant du manque et son assouvissement. Parmi ses objets, nous avons ceux qui sont produit par un processus dit naturel, sans intervention de l'homme, presque inexistants de nos jours, et les objets culturels, qui sont donc des produits qui mettent en jeu des échanges, c'est-à-dire une économie avec des règles immanentes ou non, etc.<br /> - Parmi ces produits, nous avons le film de cinéma. Objet complexe puisque mettant en jeu à la fois passivité et activité, du désir, plusieurs de nos sens, du langage, des affects, un rapport entre un créateur et un spectateur, un producteur et un consommateur, une industrie et un marché, etc. Il y a donc plusieurs plans d'analyse à bien différencier afin d'éviter de se servir des arguments d'un plan particulier (esthétique par exemple), pour tenter de malmener un autre plan d'analyse (économique par exemple). En aucun cas je n'ai porté de jugement de valeur sur un quelconque troupeau, uniquement sur le fait que le film de cinéma, avant d'être un superbe outil d'émancipation intellectuel pour certaines personnes, a été un moyen de propagande et de fascination des masses dont les effets physiques directs (public qui sort de la salle lors de la première retransmission d'images d'un train à vapeur) ont disparu par accoutumance au produit. Penser que le poids mythique et affectif de l'image ait disparu derrière la beauté de l'expérience esthétique et la qualité du produit est une illusion, pas besoin de sorti des références vieillottes pour y réfléchir.<br /> - Alors soit nous choisissons, dans le cadre de ce blog par exemple, de nous concentrer sur l'expérience assimilatrice du contenu fourni par le produit "film" et nous décrivons son esthétique, ce que tu fais très bien, désolé si mes remarques sur ton style burlesque t'ont vexé. Chacun des aspects esthétiques sont évoqués et jugés en fonction de critères qui sont propres à celui qui a vécu l'expérience de ce film (d'ailleurs as-tu bien fait attention à voir tous ces films dans une salle de cinéma afin d'étalonner tes expériences et de bien différence l'expérience télévisuelle de celle de la salle obscure ?). Le problème est de tenter, par le biais de l'expérience esthétique, d'accrocher un plan politique avec des concepts de résistance, de collectivité, etc.<br /> - Or, la pratique théorique qui consiste, à partir d'un jugement esthétique et de ses effets collatéraux, à tirer des conclusions politiques, est une illusion née dans les années 60-70 lorsque le marxisme s'est séparé de l'analyse matérialiste pour se tourner vers l'esthétique, moins sujette à controverse étant donné le contexte politique mondial de l'époque. Le marxisme étant dominant à l'époque d'un point de vue institutionnel, il a du polir son discours pour qu'il reste cohérent avec sa position de force dans l'université et les autres institutions républicaines (exemple : Althusser et ses élèves, professionnels de la scolastique).<br /> - L'engagement fait partie de ces pratiques théorique esthétisées qui tentent de se faire passer pour de la politique. Or, la politique n'a jamais été que l'art de la décision pour l'action et non celui de l'action de prendre une décision ou juger l'événement. L'action qui consiste à décider de s'engager pour telle ou telle cause, pour tel ou tel jugement proféré sur tel ou tel film, n'a rien de politique, à moins de devoir s'en remettre à un pragmatisme tout simple : "l'important c'est que ça serve", donc que ce soit lu. L'effectivité de ton blog se limite donc à un conseil avisé concernant des expériences esthétiques que tu aimerais faire partager. Or, ce pragmatisme est inconséquent car méprise la qualité de son effet et établit comme valeur en soi le fait de produire de la nouveauté assimilable, qu'elle soit bonne ou non pour la santé du celui qui assimile un produit. Donc tu ne devrais pas commettre cette contradiction performative qui consiste à ne pas accepter ma provocation gratuite dans les autres posts.<br /> <br /> En d'autre termes et dans un langage posé, la critique d'un film n'est qu'un produit esthétique, offert au public par le biais d'un travail non rémunéré (tu n'es pas payé pour le temps passé à écrire ta critique) mais qui produit de la richesse (AlloCiné est une entreprise et tu travailles pour elle et moi aussi en écrivant ce message de commentaire).<br /> Qu'ensuite, suite à l'analogie avec Facebook, entreprise américaine qui sert de fichage mondial et donne la possibilité à un facho potentiel d'obtenir plus de données que la gestapo et la stasi dans leurs heures de gloire, tu penses que c'est grâce à ce genre de production que les gens crevant la dalle se sont dit qu'il fallait brûler des dictateurs, et bien c'est faire preuve de bien peu d'esprit critique face au discours dominant et oublier la situation économique et politique du terrain historique concret local des pays qui se sont révoltés qui détermine toujours la révolte (sinon pourquoi en France nous ne serions pas tous dans la rue alors que des fachos racistes et condamnés par leur propre système judiciaire reste en poste ? pourtant nous avons Facebook et nous sommes éduqués à la démocratie non ?).<br /> Quant à Paul-Michel, j'étais provocateur essentiellement pour voir si tu parvenais à prendre du recul et à ne pas te comporter en avocat mais en lecteur enfantin et naïf. Tu verras vite que la finalité souvent pragmatiste de sa résistance conduit immanquablement à des dualismes type ami/ennemi avec un pouvoir désubstantialisé et purement effectif.<br /> <br /> Mais ne t'inquiètes pas, ton discours en parfaitement main stream, des thèses sur Foucault sont soutenues à la pelle, il finira par être au programme de l'agrégation, et Deleuze aussi d'ailleurs.<br /> <br /> Bonne continuation à toi.
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